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Alain Mouly « L’IGP va apporter une valeur ajoutée aux produits »

10h20 - 03 avril 2017 - par Info Haute-Vienne

[caption id="attachment_225368" align="aligncenter" width="800"] « L’IGP différenciera les produits sur les marchés avec un choix transparent pour les consommateurs »[/caption] Président de l’association pour l’Indication Géographique Protégée « Porcelaine de Limoges » depuis 2014, Alain Mouly retrace les grandes étapes de l’obtention de cette IGP, véritable atout pour les porcelainiers de la Haute-Vienne. Info Magazine : Dans quel contexte est née l’IGP ? Alain Mouly : En 1906, il avait déjà été évoqué l’idée de protéger l’appellation porcelaine de Limoges. En 1925, l’exposition intitulée « Limoges, cité porcelainière mondiale » a suscité des envies et sont apparues des porcelaines de Limoges, venant d’Italie, d’Europe centrale, de Roumanie… Les porcelainiers limougeauds ont réagi en créant en 1929 la marque « Limoges Unique », accompagnée du nom du fabriquant. A la suite de cette opération musclée, les contrefaçons ont plongé de façon radicale. Les porcelainiers ont cru que c’était gagné, mais le naturel est revenu. Après la seconde guerre mondiale, l’activité porcelainière a repris, les contrefaçons aussi. Au début des années 2000, après la levée des quotas, les contrefaçons asiatiques sont arrivées sur le marché de la céramique européenne. Limoges a été touchée de plein fouet. En 2005, nous avons voulu faire modifier le décret du 8 février 1978 qui régit la commercialisation de la porcelaine pour faire préciser « les produits entièrement fabriqués à Limoges ou dans le département » mais l’Europe nous a accusés de protectionnisme et cela n’a jamais abouti. Info : Vous avez également effectué de nombreuses visites à Bercy ? A.M. : En juin 2011, Frédéric Lefèbvre, alors secrétaire d’Etat au commerce et à la consommation, a proposé de créer des IGP pour les produits non-agricoles ou non agro-alimentaires. Nous avons commencé à établir une sorte de cahier des charges. Puis en 2012, à la suite des élections présidentielles, mon nouveau contact était Benoît Hamon, qui nous a assurés de son soutien. Cette même année, la direction générale des entreprises nous a présenté un appel à projet pour un soutien financier de cette IGP à hauteur de 50%. En décembre, notre dossier a été retenu. Le 17 mars 2014, la loi 2014-344 prévoyant la création de l’IGP a été promulguée. Il a fallu attendre mai 2016 pour le décret d’application, avec un article très important (721-5) qui stipule que seuls les membres de l’association, dont les produits sont fabriqués et décorés en Haute-Vienne, pourront prétendre à l’IGP. Info : Pourquoi avoir créé un organisme de défense et de gestion ? A.M. : Afin d’être plus représentatif, nous avons créé un ODG pour porter le projet. En avril 2014 a été lancée l’association pour l’indication géographique pour la porcelaine de Limoges, qui regroupe actuellement 43 adhérents, avec 30 opérateurs (fabricants, décorateurs) et 13 membres associés. Info : Où en est-on aujourd’hui? A.M. : La loi nous impose de rédiger un cahier des charges avec douze chapitres. Nous avons négocié avec l’INPI avant le dépôt final pour des relectures. Dans les jours qui viennent, cinq entreprises vont être « auditées à blanc » par Certipaq, un organisme de certification. Info : Que va apporter l’IGP ? A.M. : Les fabricants vont certainement bénéficier d’une augmentation de la valeur ajoutée sur leurs produits. L’IGP va permettre de protéger et de valoriser l’ancrage territorial des emplois et des entreprises. Pour les acteurs économiques, elle sera un outil juridique pour lutter contre les abus. Elle différenciera les produits sur les marchés avec un choix transparent pour les consommateurs. Info : Finalement, cette IGP a permis de rassembler les porcelainiers ? A.M. : On prétend toujours que les porcelainiers ne s’entendent pas. Même Bercy nous en a parlé. Ce qui était vrai autrefois pour les grandes familles, ne l’est plus aujourd’hui. Chacun a ses stratégies commerciales mais il règne une attente dans la profession. Les rivalités n’existent plus même si l’image demeure…

Propos recueillis par Anne-Marie Muia Photos © Yves Dussuchaud


CV Express 1946 : Naissance à Bussière-Galant 1958 : Ecole Nationale Professionnelle (aujourd’hui lycée Turgot) à Limoges 1966 : Service national 1968 : Responsable d’un laboratoire de mesures physiques 1980 : Contrôle de la fabrication militaire, expertises armement 2000 : Responsable de la formation à Renault Défense 2002 : Gérant associé Porcelaine Laplagne 2005 : Secrétaire général UFPL 2009 : Président de l’UFPL et CNEPL/UP

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