Un projet industriel de production de biocarburant à Saillat-sur-Vienne

Verso Energy envisage de récupérer le CO2 biogénique produit par Sylvamo, pour le combiner avec de l'hydrogène vert afin de produire un carburant de synthèse pour l'aviation. Un projet à 2,2 milliards d'euros qui pourrait créer de 300 emplois.
La technologie employée pour la production industrielle de carburant de synthèse par Verso Energy est parfaitement mature. « Il s'agit de réunir sur un même site les quatre briques de procédés technologiques développés par des bailleurs de licence qui fonctionnent déjà à taille industrielle partout dans le monde, mais séparément. L'innovation consiste à les réunir sur un même site pour produire du kérosène de synthèse (eSaf) en grande quantité, résume Antoine Huard, le directeur général. Une réglementation européenne prévoit que dès 2030 les compagnies aériennes devront intégrer 1,2 % d'eSaf dans le kérosène des vols en Europe et atteindre les 35 % en 2050. Et à partir du 1er janvier 2041, il ne sera plus possible d'utiliser du CO2 fossile pour fabriquer des carburants de synthèse. C'est cette obligation qui rend le projet intéressant sur le plan économique, car ce procédé de fabrication est significativement plus cher que celui issu du pétrole ».
Et Sylvamo compte parmi les principaux émetteurs français de CO2 biogénique, c'est-à-dire issu du bois. « Nous envisageons donc de capter ce dioxyde de carbone contenu dans les fumées émises par leur chaudière biomasse. Ce CO2 récupéré sous forme gazeuse sera ensuite mélangé à l'hydrogène pour produire du carburant de synthèse. Et l'hydrogène sera produit par électrolyse de l'eau de la Vienne », détaille-t-il.
9 millions de tonnes de CO2 fossile économisés La production annuelle sera de 153 kilotonnes de carburant durable, permettant d'économiser 9 millions de tonnes de CO2 fossile durant les 25 ans du projet. Le directeur général assure qu'en dehors de la phase de travaux, il n'y aura pas d'impact sur le flux routier, puisque le carburant sera acheminé par train jusqu'à Limoges à raison de deux à trois convois de 19 wagons par semaine.
Gourmand en électricité
Sauf que si ce procédé n'utilise pas d'énergie fossile, il est très gourmand en électricité. « L'usine devra être connectée au réseau haute tension national, raison pour laquelle nous avons sollicité un renforcement des lignes auprès de RTE. Mais, notre société est également productrice d'électricité solaire et nous souhaitons que la plus grande partie de cette énergie soit issue de nos centrales, afin de réduire le coût de fabrication de la molécule de synthèse », annonce-t-il.
Artificialisation
Mais ce projet, qui a recueilli l'assentiment de tous les élus, va conduire à l'artificialisation d'au moins 10 hectares d'espaces naturels (l'emprise foncière est évaluée à 35 hectares, répartis sur les deux communes de part et d'autre de la rivière), qui, dans le cadre de la loi ZAN, vont devoir être compensés sur les quotas de surface sanctuarisée de la communauté de communes ou de la Région, voire de l'État.
« Nous pouvons aussi proposer des terrains que la collectivité envisage de remettre à l'état naturel, comme les friches du bord de Vienne, qui pourraient entrer dans ces quotas », rassure Pierre Allard, le président de la CC POL.
L'implantation de ces nouvelles unités industrielles va induire également une modification du PLU de certaines zones de la commune.
Avec l'ensemble des services de l'État concernés, François Pesneau, le préfet de la Haute-Vienne suit de près l'évolution de ce dossier.
La première pierre sera posée en juin 2026 pour une mise en service espérée en 2029.
La concertation préalable est lancée
La concertation préalable vise à informer précisément le public et recueillir ses arguments, propositions et questions. Une réunion publique aura lieu le 16 avril à 18h30 à la salle des fêtes de Saillat-sur-Vienne. L'atelier du 5 juin se déroulera en présence de l'EPTB Vienne, ce qui permettra de valider l'intégration environnementale du prélèvement de l'eau, qui ne représente qu'une infime partie du débit de la rivière, de l'ordre de 1 %.
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