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5es Rencontres cinématographiques de Limoges très... limougeaudes

08h00 - 20 septembre 2020 - par Info Haute-Vienne
5es Rencontres cinématographiques de Limoges très... limougeaudes
Nicolas Maury, devant et derrière la caméra pour Garçon chiffon, avec Laure Calamy - ©

Patricia Bardinon, Denis Imbert, Nicolas Maury, et Vaurien tourné à Limoges : une 5e édition couleur locale ! Du 3 au 11 octobre : 17 avant-premières, une dizaine d'invités, et clap d'ouverture le 3 avec Mystère, de Denis Imbert, avec Vincent Elbaz.

Le scénariste le plus foldingue n'aurait jamais osé accumuler autant de poncifs dans un « soap-opera » hollywoodien ou une « telenovela » brésilienne, se délectant d'incidents et accidents en tout genre, chaînés les uns aux autres tel un chapelet diabolique : tout au long de cette année 2020, la réalité se sera plu à adresser un monumental pied de nez à la fiction. Jubilation machiavélique.

Sur fond de crise sanitaire planétaire, déstabilisante, durable et meurtrière, générée par un coronavirus baptisé Covid-19, sorti d'un chapeau chinois, mille maux se sont stratifiés, acoquinés. À foison, des pertes humaines, d'emplois, d'équilibre, d'entrain, de cap. Économie et société à la ramasse. Une centaine de jours d'un confinement chloroformant suivi d'un prudent retour à une vie sociale « homéosympathiquement » dosée et... masquée : pas de doute, ça marque, ça chamboule des certitudes, des routines, des références, des repères, des habitudes, des connexions. Ça inocule des poisons comme l'inertie, le ratatinement, l'accoutumance au moindre effort, le cocooning avec une multiplication déraisonnable de Tanguy. Apprentissage de la ''valeur'' bulle, encadrée, institutionnalisée.

Sur ce délirant décor science-fictionnesque, malsain aux entournures, se sont empilés travers et malheurs d'une société aux abois. En vrac : dérèglement climatique, dérives de moult chefs d'États, le Liban à l'agonie, Hong Kong et la Biélorussie à bout de nerfs, etc. Pour couronner le tout, un relent de « guerre froide », à une époque - les 60's - où les taupes soviétiques s'échangeaient à l'ombre du « rideau de fer » contre des agents occidentaux, ce que Spielberg sut mettre en scène dans Le Pont des espions avec Tom Hanks et Mark Rylance : six décennies plus tard, pouvait-on imaginer que l'opposant n° 1 à Poutine, Alexeï Navatny, traqueur de corruption, serait, façon KGB, empoisonné au Novotchok en Sibérie, puis exfiltré par une ONG allemande ?... Pas du cinoche ! Vous auriez mis ça dans un film, on aurait qualifié votre récit « d'invraisemblable ! ».

Alors, le cinéma dans tout ça ?... Salles fermées de la mi-mars au 22 juin, toute une chaîne d'opérateurs désarmée - des concepteurs et producteurs aux distributeurs et exploitants -, un public « désar-sonné », aiguillé sur les plates-formes cannibales : la reprise promettait des jours difficiles, ils le furent. Ils le sont encore. Spectateurs craintifs en dépit de conditions d'accueil impeccables, programmations rendues compliquées par les reports de sorties, en particulier celles des « blockbusters » hollywoodiens repoussées vers des jours espérés plus propices. Une frilosité qui a affecté l'équilibre financier d'une filière projetée dans un film horrifique !

Du... Limoges sur un beau plateau !

Après les annulations de Cannes et Annecy qui résistèrent en labellisant leurs sélections, on appréhendait la suite : quid d'Angoulême, Deauville, Venise ?... Ici comme là, en s'imposant de strictes règles sanitaires, on n'a pas cédé au catastrophisme. Avec succès.

Et Limoges ?... Après un (court) moment de flottement, il parut inconcevable d'annuler des « Rencontres » qui, édition après édition, s'imposent dans le paysage, et plus que jamais, prennent valeur de locomotive. Oui mais, quels films, quels invités, sachant que l'offre et les disponibilités sont comptées ?...

Dans ce contexte difficile, Bruno Penin, la cheville ouvrière de ce rendez-vous, a pu construire une programmation réellement séduisante.

Dix-neuf films dont 17 avant-premières, une dizaine d'invités dont Xavier de Lauzanne (9 Jours à Raqqa), Anna Cazenave-Cambet (De l'or pour les chiens), Jose Mari Goenaga (Une vie secrète), Anne-Claire Dolivet (Petites danseuses), et deux bonus : « un avant », le 21 septembre, avec la présentation, par lui-même, de Adieu les cons, signé Albert Dupontel, et un « after » le 17 octobre avec Vaurien, le premier long-métrage de Peter Dourountzis (il sera présent), tourné à Limoges avec Pierre Deladonchamps et Ophélia Bau.

Limoges aura décidément le beau rôle, puisque Patricia Bardon, une ancienne de « Gay-Lu » et du Conservatoire local, s'offrira un retour sur sa terre natale avec Nana et les filles du bord de mer, accompagnée par l'actrice Sofia Manousha, elle-même réalisatrice.

Limoges encore, où le comédien Nicolas Maury, originaire de Saint-Yrieix, venu au cinéma grâce à Patrice Chéreau (Ceux qui m'aiment prendront le train), a choisi d'y ancrer le désarroi du héros de sa première réalisation Garçon chiffon, aux prises avec Nathalie Baye et Laure Calamy.

Limoges toujours, avec Denis Imbert, ancien élève de Michel Bruzat et compagnon de cordée de Philippe Labonne et Filip Forgeau, qui ouvrira les festivités avec Mystère, son second long-métrage, une émouvante histoire tirée de faits réels reposant sur Shanna Keil, Vincent Elbaz, Marie Gillain, Eric Elmosnino, Tchéky Karyo et quelques loups... démasqués.

Suite, au prochain numéro...

5es Rencontres cinématographiques de Limoges (3 au 11 octobre) : renseignements, réservations www.grandecran.fr

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