Trois questions au Dr Sylvain Jumeau
La question des déserts médicaux est préoccupante alors que des solutions sont proposées par les jeunes médecins généralistes.
Info. Comment peut-on lutter contre les déserts médicaux ?
Sylvain Jumeau. Depuis dix-huit mois, je préside le GJIREL Limousin, antenne locale du syndicat ReAGJIR qui regroupe une trentaine d'adhérents, médecins généralistes installés depuis moins de cinq ans, remplaçants et chefs de clinique. A l'approche de la Présidentielle, nous avons dressé un état des lieux car tous les candidats ont parlé d'accès aux soins mais jamais d'organisation des soins, ni de solutions pour faciliter l'installation des jeunes médecins. Les mesures incitatives en cours montrent leur efficacité avec les aides à l'installation accordées par la Sécurité Sociale, l'Agence Régionale de Santé et parfois les communautés de communes. Ainsi, le contrat PTMG de deux ans (Praticien Territorial en Médecine Générale) assure un revenu mensuel minimum de 6.900 € brut et une protection sociale adaptée y compris pour les remplaçants. Cela leur met le pied à l'étrier face à la crainte du manque de patients et de la charge financière. Le PTMG est applicable sur des zones sous-dotées en médecins généralistes identifié par l'ARS, le zonage est en cours de révision. Depuis 2013, vingt-un contrats ont été signés en Limousin dont huit en Haute-Vienne. De jeunes médecins sont donc prêts à s'installer en zone rurale ou semi-rurale mais il faut faciliter leur installation.
I. Quelles sont vos propositions pour les remplaçants ?
S. J. Un jeune médecin remplace en moyenne six confrères par an et la progression est de 17% en dix ans. Ces remplacements sont indispensables pour découvrir la médecine générale. Le nouveau contrat PTMR (Praticien Territorial Médical de Remplacement) attendu cette année permettra aux zones sous-dotées d’accueillir des remplaçants pour une durée déterminée moyennant un revenu minimum, une bonne protection sociale et une aide à la gestion. Le médecin se spécialisera sur un secteur géographique donné qui correspondra à son projet d'installation et de vie. La maison de santé peut aussi être une solution si le projet émane de professionnels de santé et non d'une collectivité qui chercherait à remplir ses locaux. Les patients devront faire le deuil d'un médecin par village mais seront aussi bien soignés. On ne peut pas forcer un médecin à s'installer s'il est seul car il a pris l'habitude de travailler avec des spécialistes à l'hôpital durant ses études.
I. Avez-vous des suggestions concernant la rémunération ?
S. J. Il faudrait des modes de rémunération spécifiques qui tiennent compte des tâches, il est illogique de rémunérer une consultation angine comme un suivi de diabète qui demande plus de temps avec le patient. Nous effectuons de plus en plus de tâches administratives non rémunérées, d'autres pourraient être déléguées à des infirmières, kinés, orthophonistes, etc... Cela libérerait du temps pour apporter plus de services aux patients.
Propos recueillis par Corine Mérigaud Photo © Corinne Mérigaud
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