La Cité du Cuir a enfin ouvert ses portes
Très attendu par la population, l'équipement porté par l'EPCI a enfin dévoilé ses collections, suscitant de nombreuses réactions d'admiration devant les différentes salles qui cheminent le long de la rivière, unissant les locaux de l'ancienne usine de lavage de laine Vaugelade, de la mégisserie Lagarde et d'une ganterie vers lesquels ont convergé des milliers de travailleurs à partir de 1895.
Certains la qualifiaient de véritable serpent de mer, prédisant sa mort dans l'œuf.
Et pourtant, depuis dimanche dernier, la Cité du Cuir s'offre au public, comme un joli cadeau de Noël avant l'heure. Certes, quelques éléments du parcours de visite, comme certaines applications multimédia ou quelques graphismes, manquent encore à l'appel et nécessiteront la fermeture du 2 au 7 février, pour permettre une dernière intervention de l'entreprise Matières à penser, mais l'essentiel est là. Cependant, durant cette période, l'entrée sera au tarif de 6 € contre 9 habituellement.
Pierre Allard, le président de la communauté de communes, n'a pas éludé ces difficultés, bien au contraire. « Elle est l'aboutissement de plus de vingt ans de réflexion, d'enthousiasme et de détermination. Il y a eu des pauses, des accélérations, parfois des changements de direction. Mais la volonté politique était forte et je mesure toute la chance de pouvoir aujourd'hui assister à l'aboutissement de ce projet dont j'ai été l'un des initiateurs », a-t-il déclaré.
La Cité du Cuir a toute sa place sur ce territoire car, au début du vingtième siècle, 20 % des habitants travaillaient, directement ou indirectement, dans l'industrie du cuir. Mais ce savoir-faire n'est pas éteint, loin de là, il continue de faire rayonner les dernières ganteries dont les créations se retrouvent sur les plus grands podiums, gantant les mains les plus célèbres.
« Le parcours débute par la projection d'un film qui plante le décor et rappelle pourquoi les mégisseries se sont installées au bord de la Vienne. On entre ensuite dans la première salle où trônent d'impressionnants foulons, servant à transformer la peau brute en pièce de cuir et on passe dans le second espace, consacré à la ganterie. On est immergé dans l'ambiance de ces séchoirs et des ateliers. Le bureau du directeur est reconstitué et une saynète évoque les premiers conflits liés au désir d'émancipation des travailleurs. Un coupeur s'active derrière une vraie table servant à lisser le cuir et une couturière retrouve la finesse et la précision du geste qui fait naître le gant. Il y a des espaces ludiques dédiés aux enfants », précise Anaïs Delage, la directrice.
Le visiteur débouche ensuite dans un décor grandiose, qui plonge le visiteur dans le Paris de la belle époque, avec ses boutiques art déco « au bonheur des dames » et la présentation du trésor de ce lieu, la vitrine monumentale qui rassemble 400 gants, soit une infime partie des collections glanées au fil des années, avec au centre, un espace entièrement consacré à la production locale.
« Nous avons été constamment à l'affût de tout ce qui se rapporte à la ganterie, dont les boîtes à gants, et notamment celle offerte au président Raymond Poincaré, que nous avons pu racheter aux enchères et qui est actuellement absente, car prêtée au musée des beaux-arts de Limoges », a précisé Thierry Granet, vice-président de l'EPCI.
« Un dernier espace met en lumière la modernité de cette matière indémodable à travers la richesse des productions, car elle résiste à énormément de techniques, qui permettent de laisser libre cours à de multiples créations artistiques très originales », conclut Anaïs Delage.
La Cité du Cuir a nécessité un investissement de près de 10 millions d'euros, supporté principalement par la Communauté de Communes Porte Océane du Limousin. L'État, à travers le fonds friche et le FNADT, a financé à hauteur de 1,35 M€. La Région et le Département ont subventionné à hauteur d'un million d'euros chacun et l'Europe a octroyé 300 k€ de fonds LEADER. Les ventes immobilières ont rapporté 648 k€. Hervé Beaudet, le maire de Saint-Junien, a insisté sur le travail des services techniques et administratifs qui ont réécrit le dossier lorsqu'il a fallu transférer le bâtiment à peine construit à la maroquinerie Hermès, qui emploie près de 300 collaborateurs, préservant l'emploi sur la ville. « Mener ce projet dans une période marquée par une certaine pénurie de finances était une gageure. Les premiers rapports budgétaires n'étaient pas optimistes et pourtant nous sommes là ! », a-t-il lancé, se réjouissant que cette « cité puisse remettre les bords de Vienne au cœur de l'activité économique et culturelle de la ville ». Le maire a salué le minutieux travail d'archiviste d'Emmanuel Baroulaud, « qui a sauvé et inventorié outillage et documents des artisans ».
Située 20, chemin Notre-Dame-au-Goth à Saint-Junien, la Cité du Cuir sera ouverte du mardi au dimanche, de 14 à 18 heures. Tarif normal : 9 €. Tarif spécial ouverture et réduit : 6 €. Forfait Famille : 20 €. Pass annuel tarif normal : 25 € et réduit : 16 €. Pass duo : 44 €.



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