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M. Pokora a rencontré les habitants d'Oradour et a rassuré sur le contenu de sa fiction

06h00 - 06 octobre 2025 - par Info Haute-Vienne
M. Pokora a rencontré les habitants d'Oradour et a rassuré sur le contenu de sa fiction
Matt Pokora entouré de Benoît Sadry et Philippe Lacroix

Alors que la fiction Oradour, ne m'oublie pas est en cours de montage, Matt Pokora qui occupe le rôle principal, est venu rendre compte du scénario aux habitants. Une démarche finalement bien appréciée, car elle a permis de lever certaines craintes.

Plus de 200 personnes étaient réunies dans la salle des fêtes, prouvant ainsi tout l'intérêt que les habitants d'Oradour-sur-Glane et familles des martyrs portent à ce projet de fiction dans laquelle Matthieu Tota, alias Matt Pokora, incarne un officier du Bureau central de renseignements et d'action (BCRA), spécialiste en explosifs, parachuté près du village, cinq jours avant le massacre.

Ce scénario, mettant en scène des retrouvailles amoureuses dans le décor paisible de ce village limousin, avant qu'il ne soit dévasté par la barbarie des troupes nazies, a fait naître quelques craintes chez les habitants et les familles des martyrs, qui ont regretté que cette rencontre se soit déroulée après le tournage.

« Si elle avait eu lieu avant, le projet n'aurait sûrement pas abouti, comme cela fut déjà le cas par le passé », confesse Benoît Sadry, le président de l'Association Nationale des Familles des Martyrs. Jacques Doutre, fils d'un des rescapés du massacre, a interpellé le réalisateur sur le risque d'alimenter les thèses des révisionnistes en présentant une histoire d'officier parachuté, ce qui pourrait laisser croire qu'il y avait un maquis dans le village.

« Le film évoque uniquement le maquis de Limoges avec Georges Guingouin, mais il spécifie qu'il n'y avait ni résistants, ni armes à Oradour-sur-Glane », rassure Pierre Aknine, le réalisateur.

« Je ne suis pas né ici, c'est vrai et je n'y habite pas non plus, je viens juste avec ma bienveillance pour tenter de mettre la lumière sur l'horreur et raconter ce qu'il s'est passé ici, car 70 % des gens que je rencontre ne connaissent pas cette page sombre de la seconde guerre mondiale », déclare d'emblée Matt Pokora, avant de se lancer dans un échange avec les habitants et les membres du conseil municipal d'enfant. « Est-ce que tu as pleuré durant le tournage ? », interroge l'un d'eux. « Il y a eu des scènes éprouvantes, notamment celle de l'église. En voyant tous ces corps étendus sur le sol, même si ce n'est que du cinéma, je n'ai pas pu retenir mes larmes, comme la plupart des membres de l'équipe », avoue le chanteur-comédien.

« La trame est certes basée sur une romance, mais l'histoire du massacre est bien présente, elle occupe même les vingt dernières minutes du film. Il y a donc des scènes très dures, qui, lors du tournage, ont fortement affecté les acteurs. Il est très rare de pouvoir rendre ces moments de réalité, qui à mon sens, ont été très proches de ce qu'ont pu vivre ces gens », renchérit le réalisateur, qui s'est également expliqué sur le choix d'avoir tourné en Belgique : « Il y a des studios dédiés aux films historiques, nous n'avions que quelques jours pour tourner, il fallait qu'il fasse beau temps et je pense que si nous avions choisi un village limousin, nous n'aurions pas eu la distance nécessaire pour aller au bout du projet. Mais, le décor évoque bien les rues d'Oradour, même si le tramway a été remplacé par un joli bus ». Les descendants des martyrs prennent alors la parole pour décrire le traumatisme des familles. « Je n'ai jamais pu imaginer les corps calcinés, le sang sur le dallage de l'église. Toute sa vie, mon père a vécu dans la hantise d'apprendre que sa sœur aurait pu avoir été violée avant d'être massacrée. La violence des guerres actuelles ravive notre douleur », déclare-t-elle, la gorge nouée. Cette intervention provoque une montée de larmes chez quelques participants. Une émotion partagée par Matt Pokora qui réaffirme la bienveillance de sa démarche et son engagement à faire connaître ce massacre pour inciter les téléspectateurs à venir visiter le village.

L'un des enfants interpelle le chanteur pour lui demander si, à l'image de Gauvain Sers et de son texte sur le chêne, il envisage d'écrire une chanson sur Oradour. « C'est une possibilité, mais pour le moment, je suis très occupé à défendre le film. Mais, en effet, c'est un thème que je pourrais aborder dans une prochaine chanson », répond Matt Pokora, qui a confirmé qu'il comptait revenir, d'une part pour projeter la fiction en avant-première, mais aussi pour soutenir la collecte destinée à sauvegarder les ruines. « Quand je fais quelque chose, je vais toujours au bout, vous pourrez donc compter sur mon aide », a-t-il ajouté avant de conclure sur ses remerciements au public. « Vous avez livré ce que vous aviez sur le cœur, cela va nourrir mon discours quand j'interviendrais dans les médias. C'était important pour moi de m'imprégner de vos ressentis, de vos émotions ».

Un documentaire, plus historique, sera diffusé après le téléfilm, « car nous avons considéré qu'il permettrait au téléspectateur de replacer la romance dans le contexte de la réalité de ce massacre idéologique, avec une approche plus pédagogique », affirme Stéphane Drouet, l'un des producteurs.

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