Des témoignages bouleversants et révoltants
Pour ce dossier, la rédaction a sollicité, via les réseaux sociaux, des femmes, victimes de violences au sein de leur couple et vivant en zone rurale. Nous avons modifié les prénoms et choisi de ne pas indiquer la commune pour préserver leur anonymat. Les témoignages sont publiés tels quels car... il nous a manqué les mots.
Sandrine, 54 ans : « Jusqu'à ce qu'elle divorce, ma mère a été une femme battue. Je l'ai toujours vue prendre des coups. Quand il avait fini avec elle, mon ''géniteur'' s'en prenait à moi, et mes deux frères. Durant mon enfance, je n'ai fait que subir : les cris, les colères, les coups... la honte. Il cassait tout et brûlait nos affaires. Sa violence nous a isolés de tout et de tout le monde. Jamais une copine n'est venue à la maison. Tout le monde voyait et tout le monde savait mais personne n'a rien fait. Quand ma mère était vraiment ''défoncée'', on appelait les pompiers. Quand les gendarmes arrivaient, ils buvaient le café avec lui pour le calmer. C'était un excellent manipulateur. Après leur départ, ça repartait de plus belle ».
Valérie, 36 ans : « Il m'a poursuivie dans la maison avec un couteau pour me tuer, je suis allée me cacher à l'extérieur en attendant que ma mère, à qui je m'étais déjà confiée sur ce que je vivais, arrive. Elle m'a trouvée dans un sale état avec des bleus, un œil tuméfié, des griffures. Elle m'a encouragée à porter plainte, ce que j'ai fait dès le lendemain, mais je me suis remise avec lui. Pourquoi ? Je ne sais pas. La peur de l'échec ou du qu'en-dira-t-on ? ».
Christine, 37 ans : « J'habite en zone ''très'' rurale donc impossible de se déplacer sans voiture car il n'y a pas de transports en commun. Pour me surveiller, mon ex-compagnon gardait les clés de ma voiture et ne me les donnait que pour aller au travail. Il relevait le compteur kilométrique avant et après et je devais me justifier si par exemple j'étais allée faire des courses, il fouillait sous les sièges, allait la ''sentir'', regardait les tapis de sol, demandait à des amis s'ils m'avaient croisée à tel endroit, dans telle rue... ».
Sophie, 42 ans : « L'isolement, je connais bien. Lorsque je me suis mise en couple, on a emménagé dans sa maison de famille, loin de la mienne, de mon cercle amical... Les violences ont commencé rapidement : une gifle, puis une autre, les dénigrements verbaux et le chantage affectif. J'ai connu les rapports non consentis, les pratiques sexuelles non désirées. Si je n'acceptais pas, il menaçait de s'en prendre aux petits. Et il y a eu le coup de trop qui m'a décidée. Je l'ai quitté. Le divorce a été une horreur et il a obtenu la garde des enfants. Je ne comprends même pas... ».
Lydie, 63 ans : « Pendant 24 ans, j'ai subi le viol quotidien par mon ex-mari qui était très très demandeur. Si je n'acceptais pas, il s'en prenait aux enfants. J'en ai parlé à ma mère et à la sienne. Elles m'ont répondu que c'était normal. En fait, elles avaient peur que tout le monde sache car, ici, tout se sait très vite ! ».
Julia, 58 ans : « Mon ex-mari ne supportait ni son travail, ni ses collègues. Quand il rentrait plein de colère et de frustration après une journée de travail, il s'en prenait à moi, j'étais sa tête de turc. Il me rabaissait, m'humiliait. Un jour, il m'a poussée dans les escaliers pour me faire sortir de la maison. Un été en vacances, après m'avoir hurlé dessus dans la voiture, il m'a dit : « Tu descends ». Il a ouvert la portière et m'a laissée au bord de la route. Je pleurais et j'avais peur. Après 16 ans de vie commune à subir, à excuser, à accepter, j'ai divorcé ».
Manon, 38 ans : « J'avais une bonne situation et un salaire confortable. Il tenait les comptes et gérait l'argent. Je n'avais pas accès à nos comptes. Quand je voulais m'acheter quelque chose pour moi, il me disait que nous ne pouvions pas. Quand nous faisions les courses, il venait avec moi pour vérifier ce que je prenais, si je respectais le budget qu'il avait établi. Si je dépassais le montant, il ne disait rien dans le magasin et me démontait arrivés à la maison. Au début, je n'ai pas compris son emprise, je pensais juste qu'il était économe pour le bien de notre couple ».
Sophie, 55 ans : « Il me crachait dessus et m'étranglait pour que je couche avec lui, et personne n'entendait rien du fait de l'isolement géographique. Je devais le « remercier sexuellement » chaque fois qu'il me laissait sortir. Lui, c'était le roi, le mec le plus sympa du village... Une fois, j'ai osé en parler, on m'a traitée de folle, certains m'ont même dit que j'étais une mauvaise mère et une mauvaise épouse ! ».



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