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Sur les chemins noirs : combat et rédemption

07h30 - 13 février 2023 - par Info Haute-Vienne
Sur les chemins noirs : combat et rédemption
Jean Dujardin avec Jonathan Zaccaï, qui incarne son ami dans le film (© Thomas Goisque)

Le 14 février, le réalisateur limougeaud Denis Imbert viendra à Limoges présenter en avant-première son dernier film Sur les chemins noirs, adapté du récit éponyme de Sylvain Tesson, avec dans le rôle principal Jean Dujardin.

«Il y a une phrase dans Sur les Chemins noirs où Sylvain Tesson dit que la seule raison pour laquelle il voulait traverser la France, il la tient d'un morceau de papier froissé au fond de son sac. Cette phrase, qui est au début du livre, m'a hanté pendant des semaines. Je me demandais ce qui pouvait se cacher derrière cette phrase. Et je me suis dit, une femme forcément. Le fait qu'il y ait cet ADN d'intimité, et donc cette possibilité d'aborder l'intime, à mes yeux, cela pouvait être un film. Ce qui m'intéressait c'était cet aspect dépouillé, minimaliste du récit. Je trouvais cela vertigineux d'écrire un film sur l'histoire d'un homme en mouvement, explique Denis Imbert, le réalisateur. Avec cette diagonale du vide que Sylvain Tesson traverse et ce désir d'embrasser l'hyper-ruralité, je savais qu'il y avait un sujet de film ».

Marcher sur ou dans les pas de Sylvain Tesson : pour Denis Imbert, marcher est comme inscrit dans ses souvenirs familiaux limougeauds, avec un père qui aimait marcher pour aller aux champignons, aux châtaignes... Un retour à ses origines à la cinquantaine pour se reconnecter de façon active à la nature et à son enfance.

PAYSAGE

Si le rôle phare est tenu avec sobriété et gravité par Jean Dujardin, l'autre personnage clé est le paysage, ou plutôt les paysages, suivant le parcours emprunté par l'écrivain, des Alpes-Maritimes à la Manche en passant notamment par le Cantal et la Creuse (avec une semaine de sédentarisation à Vassivière, un record !). « La phrase ''C'est une conversation entre le visage et le paysage'' est le dogme de mon scénario, filmer en étant toujours proche du visage avec en arrière-plan le paysage. Sans contemplation, sans le côté touristique et bucolique, juste la force de la nature et la puissance des éléments » , note Denis Imbert, qui n'a pas omis d'intégrer la forte présence de cette France qui va mal, un » pays en ruine » peut-on entendre en voix-off avec en filigrane une grogne générale.

Dans une même optique, la réalisation se veut « épurée » : « C'est radical, à l'économie. Dans l'énergie du tournage et même dans cette idée de partir avec une équipe réduite de dix personnes au total. J'ai fait les repérages pendant le premier confinement car il était impossible pour moi de raconter cette histoire et de la filmer sans avoir fait le parcours. Nous l'avons fait en voiture, évidemment, mais aussi en marchant pendant plusieurs jours. C'était essentiel pour moi d'être dans les pas de Sylvain, d'éprouver la difficulté de la marche, la douceur du bivouac ».

POUR SE FAIRE MAL

Pour le comédien récemment vu dans Novembre de Cédric Jimenez, les 1.300 km ne sont pas « une randonnée pédestre, ni un parcours de retraité. C'est un chemin pour se faire mal. C'est le chemin de la rédemption. J'avais peut-être, en effet, envie de vivre cela. Cela demande un effeuillage. On doit déshabiller son jeu, être dans les éléments, très humble avec tout cela. Tout en considérant que l'on est quand même dans les pas de Sylvain Tesson. Mais ce sont quand même les tourments d'un homme que j'ai essayé de faire miens » .

Avant-première le 14 février à 20h30 au Grand Écran Centre de Limoges. Réservations fortement conseillées : www.grandecran.fr/limoges-centre

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