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Le CSP se mobilise contre le racisme

08h00 - 27 janvier 2021 - par Info Haute-Vienne
Le CSP se mobilise contre le racisme
Les ambassadeurs de la campagne - ©

Impliqué depuislongtemps dans des actions citoyennes, le Limoges CSP lance une campagne de grande ampleurpour lutter contre les discriminationsà travers diverses actions desensibilisationauprèsde sessupporters.

En mai 2020, la mort de George Floyd, un Afro-Américain étouffé sous le genou d'un policier blanc, a suscité une large campagne de protestation. Parmi les nombreuses actions, beaucoup se souviennent des basketteurs de la NBA, se recueillant, genou à terre, devant le slogan « Black lives Matter ».

Le racisme ne frappe pas que les États-Unis d'Amérique, il gangrène également notre société et s'invite malheureusement parfois dans nos enceintes sportives, lors de matchs de football par exemple, allant jusqu'à provoquer l'arrêt des rencontres. Fort heureusement, ces dérives font systématiquement l'objet de poursuites judiciaires, mais elles n'ont pas leur place dans le sport, qui cultive depuis toujours la tolérance.

LABEL ÉCOCITOYEN

Bien que le basket ne soit pas la discipline la plus exposée, les joueurs et les dirigeants du Limoges CSP ont souhaité amplifier leur engagement dans ce combat. « Le Limoges CSP est impliqué depuis très longtemps dans des actions citoyennes. Dès 2008, nous nous sommes positionnés sur diverses questions écologiques. Nous avons d'ailleurs été l'un des premiers clubs en France à obtenir un label écocitoyen, qui s'est notamment matérialisé par l'installation de poubelles de tri à Beaublanc, ce qui était assez inédit dans le monde du sport », explique Pierre Fargeaud, le directeur administratif, juridique et financier du club.

VALEURS UNIVERSELLES

Après l'attentat terroriste contre Charlie Hebdo, l'équipe a porté durant plusieurs mois le slogan « Je suis Charlie », démontrant à quel point le club est attaché à la défense des libertés et droits fondamentaux. « Après les nombreux événements de 2020, les joueurs ont pris la parole pour s'engager dans la lutte contre toutes les formes de discrimination. Nous avons donc souhaité porter ce débat dans le public, pour qu'il y ait une évolution des comportements. Même si le basket est moins concerné par ces comportements racistes, nous voulons quand même ajouter notre pierre à l'édifice », renchérit-il.

Pour s'élever au firmament des meilleures formations du basket français, le club limougeaud a compris très tôt qu'il devait recruter au-delà de ses frontières. Ainsi, dès la saison 1973-1974, le public a découvert le joueur sénégalais Souleymane Fall, puis a acclamé les exploits de l'emblématique pivot Apollo Faye. Cette saison, le club compte sept basketteurs de couleur dans son effectif. « Nous sommes d'autant plus légitimes pour porter cette parole que certains de nos joueurs ont parfois déjà été victimes de racisme. Et même s'il n'y a pas eu de cas très médiatisés, notre discipline déplore cependant des actes de discrimination envers des joueurs ou des arbitres, ajoute le directeur. Jerry Boutsiele et Diandra Tchatchouang, les deux ambassadeurs de cette opération intitulée #NoRacism, ont témoigné d'incidents auxquels ils ont été mêlés ».

LOCOMOTIVE

Pierre Fargeaud, avocat de formation, insiste fermement : « La passion sportive liée à l'intensité de certaines rencontres ne pourra jamais excuser des propos racistes ou discriminants qui sont des délits pénaux n'ayant rien à faire dans des enceintes sportives, ni ailleurs. Et si nous devions être confrontés à de tels actes, des mesures d'exclusion seraient immédiatement prononcées ».

Cette campagne amène le club à modifier la couleur de son maillot, mais pour cela, il devait obtenir l'accord des équipes de Villeurbanne et Levallois, qu'il va affronter en mars prochain. « Elles ont accueilli très positivement cet appel et relayeront certainement notre message. La Fédération Française de Basket et la Ligue Nationale de Basket, ont également souhaité s'associer à notre action », se réjouit le directeur avant de préciser que « le club mènera également cette sensibilisation sur ses médias sociaux, via ses joueurs et les ambassadeurs #NoRacisme ».

ACTIONS LOCALES

Pour porter encore plus haut la voix de cette opération, le club de basket limougeaud s'est aussi adressé au Centre de Droit et d'Économie du Sport de Limoges, dont Olivier Dacourt, l'un de ses diplômés, ancien footballeur international français, aujourd'hui consultant Canal + et à l'initiative du documentaire sportif « Je ne suis pas un singe » figure parmi les ambassadeurs du projet. Et il s'est naturellement tourné vers la Ligue des Droits de l'Homme, qui combat le racisme et l'antisémitisme sous toutes ses formes depuis son origine en 1898.

Le coup d'envoi de cette campagne de sensibilisation est prévu en mars prochain, lors des deux matchs à domicile des 13 et 15 mars 2021. Un grand événement de sensibilisation aura également lieu à Limoges le 17 mars. « Par ailleurs, des actions concrètes seront organisées localement, notamment en direction des plus jeunes, dans les écoles, collèges et lycées en relation avec l'antenne de la LDH de Limoges afin de porter un véritable débat citoyen autour des discriminations pour accumuler les retours d'expérience et démontrer que le racisme n'est pas une fatalité », ajoute Pierre Fargeaud.

FRATERNITÉ SPORTIVE

« À la suite de l'affaire Floyd, nous avons pu constater l'importance des acteurs sportifs dans la diffusion des messages de lutte contre le racisme. Lorsque le Limoges CSP s'est tourné vers nous, nous avons pensé que cela pouvait être une belle opportunité de mobiliser les clubs de la Jeep Elite, pour rappeler que cet esprit de partage et d'égalité entre les basketteurs, sans s'attacher à leur couleur de peau, leur origine ou leur religion, pouvait se porter aussi à l'extérieur des terrains », admet Malik Salemkour, le président de la LDH, qui espère que cette initiative se diffusera dans d'autres disciplines sportives et bien au-delà des limites de la cité porcelainière pour favoriser la libération de la parole.

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