Sur la route... à Limoges avec Nabil Aitakkaouali et Olivier Dacourt

Le réalisateur Nabil Aitakkaouali et l'ancien footballeur international Olivier Dacourt, également co-réalisateur et producteur, étaient à Limoges pour l'avant-première de leur film Sur la route de papa, qui sortira en salle le 18 juin.
Rappelle-toi d'où tu viens pour savoir qui tu es... Cette simple phrase pourrait à elle seule résumer Sur la route de papa. Road-trip familial, générationnel, culturel, ce long métrage retrace le voyage initiatique de Kamel et de sa famille, qui se voit contraint de retourner au bled au Maroc. Durant ces quelques jours, dans un presque huis clos dans la fameuse R21 avec un coffre et un toit chargés à bloc, vont s'alterner colère, rancœur et fous rires.
Un ascenseur social en panne
Tous ceux qui « rentrent au pays », qui retournent dans la famille, qui chaque année préparent cet exode estival, apprécieront cette thématique pour l'heure inexploitée au cinéma. Une lacune qui a surpris le réalisateur. Ce dernier a grandi à Brive-la-Gaillarde au sein d'une famille modeste marocaine (son père était ouvrier et sa mère femme au foyer) dans une fratrie de 4 enfants. Rien ne prédestinait le Corrézien à faire carrière au cinéma. Loin de là. Et l'ascenseur social étant en panne, il a utilisé tous les outils (notamment l'humour qu'il manie avec brio) afin de percer dans ce milieu fermé pour aujourd'hui proposer ce film au budget de 5,3M€. « Je suis un autodidacte. Le mot qui me définit le mieux est résilience. Le chemin n'a pas été facile mais je n'ai jamais rien lâché ».
« Avec nos tripes »
Et puis il y a les rencontres. Celle avec Olivier Dacourt va se solder par cette collaboration improbable : « On partage les mêmes valeurs. Ce film concerne des millions de personnes qui font ce trajet. Des Maghrébins, des Africains, des Portugais, des Italiens... Qu'importe la destination, le plus important, c'est le voyage avec la famille. On a puisé dans nos vécus respectifs : notre histoire fait écho à beaucoup d'autres. Ce film est une forme d'introspection. Nous voulions raconter quelque chose avec nos tripes et avec notre cœur ».
Sur la route de papa relate également les choix et la vie de tous ces immigrés venus en France pour travailler, pour offrir une vie meilleure à leurs enfants, pensant rentrer au pays par la suite mais « petit à petit, la France est devenue notre pays. En vérité, on était tiraillé entre ici et là-bas », dit dans une scène Fatima, la maman de Kamel, rajoutant alors que ce dernier lui reproche la misère dans laquelle il a été élevé : « Avec nos petits salaires, on vous a donné le maximum ».
« La différence est un atout »
La sortie de ce long métrage s'inscrit dans un contexte politique particulier face à l'immigration. Olivier Dacourt détaille : « Nabil est d'origine marocaine et moi d'origine guadeloupéenne. Redouane Bougheraba est franco-algérien. Caroline Anglade a des origines italiennes. Farida Ouchani est franco-marocaine. Claudia Tagbo, qui a le rôle de la conseillère matrimoniale, est de Côte d'Ivoire. Quant à Robert Pirès, qui fait une apparition, il a des origines espagnoles et portugaises... ». Et Nabil Aitakkaouali de conclure : « La différence est un atout, une richesse. Ce film, c'est la France qui nous ressemble ».
Conseil : ne pas quitter la salle au début du générique de fin, qui reprend des images d'archives de l'INA.
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