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Étude de l'UFC-Que Choisir : le désert médical avance aussi en Haute-Vienne (dossier spécial santé)

07h00 - 23 novembre 2022 - par Info Haute-Vienne
Étude de l'UFC-Que Choisir : le désert médical avance aussi en Haute-Vienne (dossier spécial santé)
Les généralistes sont encore assez bien répartis sur le territoire

L'UFC-Que Choisir 87 a réalisé une troisième étude sur l'accès aux soins dans le département. Le constat est sans appel. Dès qu'il s'agit de consulter un spécialiste, la plupart des communes se situent dans un désert médial.

Après deux premières alertes en 2012 et 2016, l'UFC-Que Choisir de la Haute-Vienne a décidé d'établir un nouvel état des lieux actualisé de la situation. L'étude consiste à mesurer le temps de parcours pour accéder à une offre de soin et la pratique de plus en plus fréquente du dépassement d'honoraires. Ces deux aspects peuvent entraîner un renoncement aux soins. Sans surprise, l'accès à un généraliste est relativement facile pour la quasi-totalité des habitants du département, puisque seul 0,7 % d'entre eux vivent dans un désert médical. Il s'agit principalement de communes situées dans l'est du département. Mais, cette situation pourrait fortement se dégrader, car de nombreux praticiens installés dans les communes rurales peinent à trouver un successeur lorsqu'ils partent à la retraite. Autre constat rassurant, peu de médecins généralistes pratiquent les dépassements d'honoraires.

La situation est en revanche plus critique en ce qui concerne les spécialistes. L'UFC-Que Choisir 87 a examiné l'accès aux soins de trois types de spécialistes : les ophtalmologues, les pédiatres et les gynécologues. Ces derniers pratiquent massivement les dépassements d'honoraires et exercent principalement à Limoges. L'étude démontre ainsi que 34,3 % des femmes de 15 ans et plus du département vivent à plus de 45 minutes d'un gynécologue. Et si on ajoute l'aspect financier, le chiffre grimpe à 45,7 %. Comparé au reste du pays, le département ne s'en sort pas si mal, puisque l'étude nationale démontre que 70 % des femmes peinent à accéder facilement à un gynécologue.

CHERS OPHTALMOS

Pour consulter rapidement un pédiatre mieux vaut habiter près de Limoges et Nexon, car pour cette spécialité, le désert médical concerne le reste du département. L'étude révèle que 43 % des enfants ayant entre 0 et 10 ans rencontrent d'importantes difficultés, tant au niveau de la proximité que des dépassements d'honoraires. Obtenir raisonnablement un rendez-vous chez un ophtalmologue relève de la véritable gageure. L'ouverture récente à Limoges d'un centre de la vision a facilité l'accès à ces praticiens pour les habitants des communes périphériques, à condition d'accepter de payer plus cher. En effet, alors que 38,7 % des Haut-Viennois vivent dans un désert ophtalmologique, la fracture s'aggrave très largement lorsqu'on tient compte des dépassements d'honoraires, car dans ce cas, ce sont 59,2 % des habitants qui résident dans un désert médical.

« Ces constats soulignent l'échec criant des mesures incitatives qui s'avèrent souvent très coûteuses pour les finances publiques et ne parviennent pas à résorber la fracture sanitaire. Par ailleurs, lorsqu'elle est possible, la téléconsultation est uniquement adaptée à des examens sans auscultations. Elle ne constitue pas une réponse à l'absence physique de spécialistes », conclut Alain Praud, l'un des co-auteurs de cette étude.

L'association a donc décidé d'écrire à l'ensemble des parlementaires du département, afin de les inviter à porter des propositions pour mettre fin à cette fracture sanitaire. L'UFC-Que Choisir demande l'instauration d'un conventionnement territorial pour ne plus permettre aux médecins de s'installer dans les zones surdotées et l'encadrement des dépassements d'honoraires pour les nouveaux médecins.

Une carte interactive est disponible sur le site de l'association (www. quechoisir.org). Elle permet de savoir si sa commune est située dans un désert médical et d'adresser une alerte au député de la circonscription afin de lui rappeler l'importance du principe de l'égal accès aux soins de tous.

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