CH Esquirol Limoges : quand un séjour chez l’habitant au Sénégal contribue au rétablissement de patients français
[caption id="attachment_227131" align="aligncenter" width="640"] Antoine Pacheco, directeur du CH Esquirol.[/caption]
Grâce à un partenariat entre le Centre Hospitalier Esquirol de Limoges, l’Etablissement Public de Santé de Mbour au Sénégal, l’Association Prévention Réinsertion Information en Santé Mentale et la délégation UNAFAM de la Haute-Vienne, quatre patients ont déjà bénéficié d’un programme de remobilisation psychosociale comprenant un séjour de 4 semaines en immersion totale au sein d’une famille d’accueil sénégalaise.
« Au départ j’ai été très surprise que l’on me propose ce voyage. Je l’ai pris comme une grande marque de confiance, comme une chance, un cadeau » nous explique instantanément Isabelle (le prénom a été modifié).
Ce programme a pour objectif d’accélérer le rétablissement de personnes souffrant d’une maladie psychiatrique. A travers une expérience atypique chez l’habitant au Sénégal, chaque participant est amené à mettre en œuvre ses capacités d’adaptation et son savoir-faire. Ainsi sorti de son quotidien souvent morose, chacun retrouve un élan vital et une meilleure estime de soi.
« Au final, je ne retiens que du positif de cette rupture dans ma vie de « patiente » » assure-t-elle. On peut parler d’une véritable « réconciliation avec moi-même ».
A l’issue d’un processus de sélection, chaque patient inclus dans ce programme de remobilisation est minutieusement préparé à son séjour au Sénégal : la vie quotidienne, la culture et les traditions, les relations sociales, la gestion de son traitement… Puis, c’est le départ. Accompagnée durant la première et la dernière semaine par une infirmière et une assistante de service social du CH Esquirol, la personne découvre la famille d’accueil, l’équipe de soins de l’EPS de Mbour qui assure le suivi sur place et le programme d’activités durant les quatre semaines.
La plus marquant reste bien sûr l’accueil et le contact avec la famille sénégalaise et l’approche particulière de la maladie psychique. « Au début je n’osais pas trop parler mais très vite la famille m’a mise à l’aise et je me suis moi-même surprise à prendre la parole beaucoup librement »
Le décalage avec notre mode de vie occidentale conduit inévitablement à « faire réfléchir » sur son parcours, sur soi-même. Et cette introspection fait du bien. Peut-être est-ce dû au fait « qu’ici tout est différent. On voit donc le monde autrement ».
« Bien sûr j’ai connu des petits moments de blues qui sont très vite passés car j’ai été extrêmement bien entourée par la famille et les soignants de l’hôpital de Mbour ».
Le fait de participer à la vie quotidienne de la famille y est pour beaucoup. « Je me sentais comme tout le monde. C’est ici, grâce à cette culture, grâce à cette approche de la maladie psychique que j’ai pu pleinement prendre conscience que je n’étais pas « que malade ». Je pouvais, comme les autres participer aux activités quotidiennes de la famille ». Et puis la chaleur des personnes rencontrées à Mbour m’a permis d’éprouver le grand bonheur de retrouver les miens à mon retour » conclut Isabelle.
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Dr Michel Nys, Président de Prism.[/caption]
« Ils n’ont rien et ils donnent tout »
Et c’est bien le plus important et même le but recherché par les équipes médicales du CH Esquirol Limoges comme l’explique le Dr Guillaume Verger, Chef du Pôle de Territoire. « L’intitulé « séjour de remobilisation » n’est pas anodin. Il s’agit de faire prendre conscience aux patients de leurs potentialités. Le contexte, la culture différente y participent totalement ». Et quand des patients comme Isabelle reviennent en France et nous disent avoir retrouvé confiance en eux, le but est atteint. Les patients bénéficiaires du programme sont tous volontaires. Ils sont ensuite « sélectionnés » par un comité composé de Francine Gourinel, coordonnateur général des soins au CH Esquirol, du Dr Michel Nys en sa qualité de Président de l’Association PRISM, de Robert Costanzo, délégué de l’UNAFAM, et d’Olivier Pinault, Cadre supérieur socio-éducatif. « Les patients ne se trouvent plus en phase aigue mais gardent des séquelles. Ils vivent avec leurs problèmes sans voir de solution dans une sorte d’invalidité sociale » explique le Dr Verger. « Pourtant à leur retour, 100% des patients disent eux-mêmes qu’ils n’en retirent que des bénéfices ». En fait, ce programme de remobilisation psychosociale présente un réel double avantage : accélération du rétablissement du patient et découverte d’une nouvelle culture. Et ça marche. C’est pour moi très clair quand les patients continuent de me parler de leur séjours plusieurs mois après et de me rappeler que contrairement en France, au Sénégal « Ils n’ont rien et ils donnent tout » ». Forts de cette expérience, « nous nous inscrivons dans une véritable démarche scientifique dans le but d’une publication médicale sur les objectifs et bénéfices de ce programme de remobilisation psychosociale avec séjour chez l’habitant au Sénégal. » [caption id="attachment_227133" align="aligncenter" width="640"]
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