Jacques Détré « J’ai choisi de m’investir plutôt que de râler »
Depuis le 1er avril, Jacques Détré, ophtalmologue, est le nouveau président de la Polyclinique de Limoges, succédant à Jean-Luc Rochette.
Info Magazine : Quelles étaient vos motivations pour être élu au poste de président ?
Jacques Détré : Depuis toujours, je me suis investi auprès des établissements dans lesquels j’étais installé, aux Emailleurs puis à Chénieux, où j’appartenais au conseil d’administration depuis quinze ans. Ma première motivation est l’intérêt général. Quand j’entends du bien de mon établissement, je suis toujours content. Sinon, ça me fait du mal. Aussi, j’ai choisi de m’investir plutôt que de râler.
Info : Comment vous positionnez-vous ? Dans la continuité ou dans le changement ?
J.D. : J’espère faire aussi bien que mon prédécesseur. Je souhaite développer l’établissement dans l’harmonie et la cohésion sociale, afin que tous les personnels soient contents de venir travailler. Mais les temps sont durs car les tarifications sont à la baisse. Pour ce faire, nous nous sommes « armés » avec une nouvelle équipe de direction. Un binôme composé de Cécile Blanc et Jean-Luc Dubois, qui va stabiliser ce gros bateau tout en apportant de la confiance aux équipes.
Info : Comment se porte la Polyclinique ?
J.D. : En 2016, nous avons enregistré un chiffre d’affaires de 85M€, avec une marge de 1,5%, ce qui est ridicule. Nous sommes l’un des rares établissements à ne pas maîtriser nos tarifs, qui dépendent de nos organismes de tutelle. La tarification diminuant, nous avons dû nous adapter… sauf qu’à un moment, il faudra que ça s’arrête, car nous souhaitons maintenir les investissements, une juste rémunération du personnel…
Info : A ce titre, quels sont les projets d’investissement ?
J.D. : Nous avons besoin de faire des travaux de transformation afin d’adapter les locaux aux nouvelles pratiques médicales, comme l’ambulatoire, avec le développement du plateau technique, par exemple. L’année dernière, nous avons comptabilisé 15.000 passages en ambulatoire sur 27.000 interventions. Entre 3 à 4 M€ vont être investis afin de rendre le matériel et les outils plus efficients et donc pour soigner le mieux possible. Les travaux d’extension vont débuter rapidement. De plus, les urgences vont être agrandies avec un redimensionnement de l’espace de vie des patients (accueil et admissions). A la clinique des Emailleurs-Colombier, nous avons engagé des actions de rénovation hôtelière pour le service maternité. Enfin, nous voulons amplifier les relations de façon plus positive avec le CHU. Des internes effectuent un stage de 6 mois en ophtalmologie. Ils en sont très satisfaits. Nous souhaitons pouvoir le reproduire dans d’autres spécialités.
Info : Vous êtes ophtalmologue au centre Chénieux Vision. Donc, la question qui fâche : pourquoi faut-il attendre entre 6 à 8 mois pour obtenir un rendez-vous ?
J.D. : La pénurie de médecins a été soigneusement entretenue depuis Valéry Giscard d’Estaing, avec une politique de santé qui pensait qu’en réduisant l’offre, on réduit la demande. Or, c’est tout l’inverse avec une population vieillissante, et un numerus clausus qui a diminué le nombre de médecins comme peau de chagrin. Pour ma spécialité, il y a trois ou quatre fois moins d’ophtalmos formés par an que ceux qui prennent leur retraite… Tout ceci évolue sauf que 11 à 14 ans sont nécessaires pour former un ophtalmologue. A Chénieux Vision, nous sommes aidés par des orthoptistes, qui nous « préparent » le travail. Mais la consultation est assurée par un médecin. Nous sommes quinze ophtalmologistes et nous voyons deux fois plus de patients que dans un cabinet en ville. Mais il faut savoir que 50% d’entre eux habitent hors-département, en Corrèze, en Creuse, en Indre, en Dordogne, dans le Lot… En fait, nous accueillons des patients de Tours… à Cahors !
Propos recueillis par Anne-Marie Muia Photos © Yves Dussuchaud
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