Christian Bélingard : Tous les jours, on va à l'école de la vie quand on fait ce métier (60 ans de télé régionale)

Christian Bélingard a intégré la rédaction de FR3 à Limoges en 1981. Il a été sur le terrain et à l'antenne jusqu'à sa retraite en 2014.
Quelles ont été les évolutions techniques qui vous ont le plus marqué ?
Au début de ma carrière, les reportages étaient tournés en film. Aujourd'hui, on se demande presque comme on faisait un journal tous les jours ! (rires). On envoyait des équipes en Corrèze, en Creuse et en Haute-Vienne et il n'y avait pas d'implantations locales. Après leurs reportages, elles rentraient et il fallait développer la pellicule pour fabriquer une bobine et diffuser en direct le soir même. La grande évolution a été l'arrivée des caméras Bétacam, qui ont été l'outil de référence de la télé.
Et dans le traitement de l'information ?
Les éditions en milieu de journée ont modifié les choses : les reportages ont été fabriqués plus rapidement, ce qui a permis un traitement de l'info plus « vivant ». Alors que la télé régionale a été créée par le pouvoir en place dans les années 60, la liberté de l'information est devenue réelle au détour des années 80 avec la fin du monopole de l'État et l'autorisation des radios libres.
Quels ont été vos reportages les plus marquants ?
La météo du week-end était enregistrée en extérieur à Bellegarde. Pour cette séquence datant de 1983, Jean-Pierre Desvaux de Météo France est devant une carte qui lui tombe sur la tête une fois, deux fois, trois fois, quatre fois... mais Bilou, le cameraman, n'arrête pas de tourner. Les rushes de cette vidéo ont longtemps tourné dans les bêtisiers (rires).
Le dossier le plus important de ma carrière a été sur la gestion des déchets radioactifs. Avec Claude Lacan, nous nous rendons à Saint-Sylvestre pour un reportage sur la Maison de la pomme de terre. À la mairie, on voit un panneau : « On demande des ouvriers terrassiers pour l'uranium ». Nous allons sur place où des caisses sont marquées Commissariat à l'Energie Atomique. Par la suite, un rapport a révélé que d'importants déchets radioactifs des quatre coins de France avaient été déposés au fond de certains puits. La polémique a débuté...
Des anecdotes en plateau ?
Lors d'un journal du soir, l'invité politique était Yves Guéna, le maire de Périgueux. Mais pas d'Yves Guéna alors qu'il avait été annoncé dans les titres... Et on ne roulait pas sur l'or en termes d'avance de reportages. Il a fini par arriver alors que l'édition était bien entamée !
Avec Xavier Riboulet, nous co-présentions le journal durant lequel nous avions un invité. Après son interview, nous n'avons pas reçu les reportages que nous devions diffuser. Nous avions un énorme trou à combler... Nous l'avons fait revenir en plateau alors que nous lui avions déjà dit au revoir.
Conservez-vous un souvenir qui vous a particulièrement ému ?
Un homme pour régler ses comptes avec l'administration de l'AFPA décide de monter sur le toit de l'établissement. Il y reste plusieurs jours et menace de se suicider en se jetant dans le vide. Avec un photographe du Populaire du Centre, nous sommes montés sur le toit et nous avons essayé de lui parler pour le convaincre de ne pas faire ce geste, qu'il n'a finalement pas mis à exécution. Quelques jours plus tard, j'ai reçu une lettre de la famille qui m'a remercié.
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