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La Région soutient l'agriculture bio (dossier spécial bio/environnement)

07h00 - 10 avril 2024 - par Propos recueillis par Anne-Marie MUIA
La Région soutient l'agriculture bio (dossier spécial bio/environnement)
Guillaume Riou (© Alban Gilbert / Région Nouvelle-Aquitaine)

Guillaume Riou, le vice-président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine en charge de la Transition écologique et énergétique et de Néo Terra, a accepté de répondre à nos questions.

Pourquoi le marché du bio est aujourd'hui en recul ?

Nous sommes dans un paradoxe avec de gros besoins de protection des écosystèmes, de l'eau, de la biodiversité... et avec pourtant une attrition évidente du marché avec des difficultés qui sont certaines. La tension ressentie du marché est multifactorielle, liée, entre autres, à l'inflation pour les ménages avec un report vers des produits de moins haute qualification. Mais il y a parfois eu également des campagnes de désinformation, notamment sur des questions sanitaires.

Alain Rousset, le président du Conseil régional, a la farouche intention d'engager encore plus loin la transition agroécologique, en soutenant l'agriculture biologique. Au niveau national, la Nouvelle-Aquitaine occupe la 2e place en surface et en nombre d'exploitations en agriculture biologique. À l'échelon national, avec une cogestion ministérielle, on peut dire que si certains avaient voulu mettre à mal l'agriculture biologique, ils ne s'y seraient pas pris autrement !

Que pensez-vous des produits étrangers bio qui ne seraient pas soumis aux mêmes cahiers des charges que ceux français ?

Nous sommes sur un régime de conformité avec un cahier des charges européen. Les concurrences ne sont donc pas européennes. L'essentiel de la structuration des filières de l'agriculture biologique s'est appuyé sur les territoires, sur la mise en œuvre de producteurs, de collecteurs, de transformateurs, de distributeurs dans un rayon Arc-Grand-Atlantique. La concurrence exogène est une contrevérité. Mais il nous faut du soutien public dans la durée. Nous sommes pourvoyeurs d'aliments et producteurs d'externalité positive, sur la protection de l'eau, de la biodiversité, de la polyculture-élevage... qui sont des motrices de l'agriculture. N'oublions pas que l'autre raison du développement de la bio, c'est la protection de la nature pour toutes les générations actuelles et à venir, sans omettre les questions de santé publique et de santé environnementale.

Quid de la loi Egalim ?

La loi Egalim avait pour objet de réévaluer l'échelle de valeurs, c'est-à-dire la valeur ajoutée du producteur au consommateur. Mais la transparence des marges ne s'est mise en place. Pour l'heure, la loi Egalim n'est qu'un vain mot.

Quels sont les leviers dont dispose le Conseil régional pour soutenir l'agriculture bio ?

En 2024, alors que la Région n'a plus la responsabilité de gestion des surfaciques, nous avons un reliquat d'enveloppe sur la programmation de la PAC précédente, qui nous permet encore d'intervenir à hauteur de 14M€ pour soutenir les agriculteurs bio avec des aides au maintien, en nous substituant à une politique étatique défaillante. Pour la restauration collective dans nos lycées, si actuellement la consommation des aliments bio est de 19 %, notre but est d'arriver à 30 % en 2030*. Pour parvenir à ce chiffre, il est nécessaire de renouveler nos générations agricoles, car si nous laissons faire, il ne restera demain plus que la moitié des agriculteurs. Nous avons pour objectif d'installer 1 000 jeunes agricultrices et agriculteurs par an, qui peuvent bénéficier d'une bonification des aides à l'installation de la Région pour ceux qui optent pour le bio.

* Dans les lycées agricoles, la Région veut convertir 100 % des fermes pédagogiques en bio pour en faire des démonstrateurs de transition.

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