Limoges ° C
dimanche

Accorderie : troquez vos talents !

00h00 - 06 mars 2017 - par Info Haute-Vienne

[caption id="attachment_224562" align="aligncenter" width="800"]04 1585 ACCORDERIE 01 Des moments de convivialité autour d'activités communes[/caption] Je joue du piano mais je ne sais pas jardiner. En adhérant à L'Accorderie, il est possible de partager ses compétences dans une relation totalement désintéressée. Créée voilà trois ans l'Accorderie, association loi 1901, est basée sur un réseau d'échanges de services entre habitants d'un même territoire. Chacun offre gratuitement un service et en bénéfice. L'association s'inscrit dans le champ de l'économie sociale et solidaire, fondé sur un système économique basé sur les compétences de chaque accordeur. Les services sont comptabilisés dans une banque, chacun étant sur un même pied d'égalité. Le fonctionnement est donc très simple, une heure de service reçu équivaut à une heure de service rendu, les échanges sont ainsi équilibrés. Chaque accordeur reçoit autant d'heures qu'il a données, quelle que soit la nature du service ou plutôt du « coup de main » rendu. L'idée a fait rapidement son chemin car aujourd'hui, 290 personnes ont adhéré au concept qui ressemble au réseau SEL et ont échangé plus de 3.000 heures. « Nous étions cinq au départ en avril 2014 se souvient Sylvie Desproges-Peyroux, la Présidente, nous constatons que les gens sont de plus en plus isolés, ils ont besoin de se rendre service, d'avoir des contacts d'où l'idée de mettre en place ces échanges dans le cadre d'une association. Les personnes proposent des services et disposent d'un chéquier temps où sont créditées les heures reçues et rendues ». Les échanges sont individuels ou en groupe lors d'activités communes (sorties culturelles, ateliers...), ils sont également associatifs pour les personnes participant à la gestion quotidienne de l'Accorderie (accueil, courrier, commissions de travail...) ou collectifs pour des actions qui s'adresseront à tous les accordeurs. Les valeurs sont fondées sur l'équité des échanges, la solidarité et la reconnaissance des compétences et des talents de chacun. « Un tiers des accordeurs est constitué de retraités, un tiers est sans emploi et un tiers salarié précise la présidente, ils vivent sur le quartier, en centre-ville voire sur le département, nous sommes vraiment ouverts à tous ». Les échanges sont variés : ateliers d'écriture, cuisine du monde, petit bricolage, ménage, jardinage, aide pour déménager ou pour des démarches administratives, initiation informatique ou à la photographie, la seule limite reste le secteur médical. « Ce sont des coups de main de courte durée et il n'est pas possible d'offrir un service en lien avec son métier ajoute Audrey Leyrat, la coordinatrice. Il n'y a pas de concurrence avec le secteur marchand, pas d'échanges d'argent, pas de travail dissimulé, nous y veillons ». L'adhésion est gratuite et quinze heures de services sont offertes. [caption id="attachment_224563" align="aligncenter" width="800"]04 1585 ACCORDERIE 03 Près de 290 accordeurs ont échangé 3.000 heures de services[/caption]

Autre forme d'échanges

Habitant le quartier, Clarisse a poussé la porte de l'Accorderie voilà un an. « Je voulais mieux apprendre le français, j'ai fait des progrès et j'ai aussi trouvé des copines. Je propose des recettes de cuisine du Congo, mon pays ». Accordeur depuis un an et demi, Jean-François se passionne pour le bricolage. « Ce soir, une collègue m'a demandé de vérifier l'évacuation de sa machine à laver et de changer une poignée, si je peux lui rendre service, ce sera avec plaisir ». Jean-François a cumulé de nombreuses heures de bricolage chez les uns et les autres. « J'ai donné cent heures de coups de main et utilisé trois fois trois heures pour déménager, des amis accordeurs m'ont aidé. Je ne suis pas demandeur, j'ai juste besoin de convivialité. J'ai en projet un atelier randonnée pour organiser des sorties énergétiques ». L'arrivée du printemps devrait être propice aux premières balades. Trésorier de l'association, Robert Couty apprécie le concept du donnant donnant. « J'ai découvert l'Accorderie par hasard, voilà deux ans, sur une manifestation et le concept m'a tout de suite séduit explique-t-il, d'autant plus dans une société marchande où seule la relation d'argent prévaut. Il est donc possible de trouver ici d'autres formes d'échanges. Je donne plus que je ne reçois, principalement du temps administratif, j'ai demandé des travaux de couture et une solution d'hébergement ». Pour se rendre à une réunion du réseau national à Paris, il sera hébergé chez un accordeur. Robert aide des accordeurs pour l'apprentissage du français et la rédaction de CV. Un projet lui tient particulièrement à cœur. « Nous voulons créer un jardin partagé, une idée qui émane des accordeurs, afin d'expérimenter d'autres formes de cultures et partager des savoir-faire. Nous espérons trouver rapidement un terrain pour concrétiser ce projet d'agriculture urbaine ». Il sera mené en collaboration avec le service espaces verts de la Ville de Limoges dans le cadre d'une exposition. L'association qui dispose d'un budget de 35.000 € bénéficie d'aides de Limoges Métropole, la Ville de Limoges, le Conseil Départemental, la Préfecture, la CAF et la Fondation Macif. Le local situé allée Emile Khan est attribué à titre gracieux par Scalis. En 2015, le Crédit Coopératif lui a décerné le trophée de l'initiative en économie sociale (1.500 €) et un Turgot lui a été remis l'an dernier.

Corinne Mérigaud Photos © Yves Dussuchaud /L'Accorderie

[caption id="attachment_224564" align="aligncenter" width="800"]04 1585 ACCORDERIE 05 « Il est possible de trouver ici d'autres formes d'échanges… »[/caption]

0 commentaires
Envoyer un commentaire