« Limoges : première grande ville à la campagne »

A la suite de la présentation du projet d’aménagement et de développement durable (PADD), Vincent Léonie, adjoint au maire en charge de l’urbanisme, de l’aménagement du territoire et des espaces verts, revient sur les points essentiels. Info Magazine : Une grande ville au milieu de la campagne est la pierre angulaire de votre projet de ville. Qu'en est-il ? Vincent Léonie : « On devrait construire les villes à la campagne car l’air y est plus pur ! » disait l'écrivain-journaliste Alphonse Allais. On sait aujourd'hui que les Français veulent tous les avantages de l'urbain tout en ayant une bonne qualité de vie avec de l'espace, sans pollution, sans embouteillage. Si nous savons mettre en valeur nos avantages avec une urbanisation raisonnée, on peut raisonnablement ambitionner un développement tant démographique qu'économique. Info : Qu’entendez-vous par développement démographique ? V.L. : L’objectif est d’accueillir 6.000 habitants supplémentaires à l’horizon 2030. L’accueil de ces populations passe notamment par la revitalisation du tissu économique, le maintien d’un haut niveau de services et la production d’une offre en logements suffisante, de l’ordre de 450 à 600 logements par an. Info : Et pour le logement social ? V.L. : Il est proposé de ramener le taux actuel à 25% à l’horizon 2030. Catherine Mauguien-Sicard, adjointe au maire en charge notamment de l'habitat, du logement social et de la gestion des quartiers, travaille au renouvellement urbain pour repenser les quartiers de la Bastide et à termes du Val de L'Aurence et Beaubreuil, où on a entassé des personnes sans penser à leur qualité de vie. Ceux-ci doivent avoir le senti-ment d'appartenir à la même communauté que les habitants du centre-ville. Chacun doit pouvoir dire : « Je suis Limougeaud quel que soit le lieu où j'habite ». Info : Une grande ville à la campagne implique de repenser les projets de « construction » ? V.L. : Au vu des différents diagnostics, et notamment à l’appui des données du Syn-dicat Intercommunal d’Études et de Programmation de l’Agglomération de Limoges (SIEPAL) en charge du Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT), le but est de ne pas consommer plus de 320 hectares en urbanisation à l’échéance 2030, l’actuel PLU affichant plus de 700 hectares de réserves d’urbanisation. Cela évitera que la ville ne s'étende de façon anarchique. De plus, nous devons réfléchir différemment aux zones de constructibilité pour recréer des polarités de vie, renforcer les existantes comme Beaune-les-Mines, Landouge mais également Carnot, Jean-Jaurès, les Ponticauds... Info : Quelles ont été les incohérences révélées par le diagnostic réalisé préalablement au PADD ? V.L. : Nous devons gommer les inconvénients issus d'une mauvaise appréciation du développement de la ville durant les dernières décennies. Aujourd’hui, nous nous retrouvons avec trois grands espaces. La ville-centre constitue le noyau urbain, qu'il s'agira de développer tant d'un point de vue de son activité que de son urbanisation en comblant les « dents creuses ». La piétonnisation va ramener de la déambulation, tout en présentant, le samedi, la rue Jean-Jaurès comme la première galerie marchande à ciel ouvert. Le stationnement payant va entrainer une rotation des véhicules ou l’utilisation des transports en commun, ce qui diminuera la pollution et la pollution sonore. La ville-route (autour de Beaune) est organisée en « poches d'urbanisation ». Elle foisonne équipements et d’infrastructures à remettre en lien. Il est nécessaire également d'y ramener de la qualité de vie. Enfin, la ville-campagne (autour de Landouge) est le visage rural de la commune. Nous devons parvenir à créer de la continuité entre ces trois espaces. Info : Quels sont les projets à l'étude ? V.L. : Nous allons développer un éco-quartier aux Portes-Ferrées et rénover l'entrée de la ville aux Casseaux ainsi que les halles centrales avec une réflexion sur les halles Carnot. Des projets en cours de réalisation concernent la place de la Ré-publique, la piétonnisation de certaines rues du cœur de ville. Nous réfléchissons également au devenir de la caserne Marceau. Toutes nos délégations concourent au même dessein : faire de Limoges une ville où on a envie d'habiter et où les entreprises veulent s'installer. Propos recueillis par Anne-Marie Muia Photos © Yves Dussuchaud