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Alain Rousset vers un cinquième mandat ?

07h00 - 14 juin 2021 - par Info Haute-Vienne
Alain Rousset vers un cinquième mandat ?
La participation aux départementales peut tirer vers le haut celle des régionales, souvent plus faible - ©

Autres élections des 20 et 27 juin : les régionales, avec un mode de scrutin particulier et des enjeux politiques plus marqués. Explications.

C'est une élection qui divise : certains Limousins étant « rancuniers » contre la fusion pour la grande région, d'autres y percevant l'opportunité d'aides et d'une notoriété revues à la hausse. Le sentiment de « parent pauvre » n'a pas diminué malgré les investissements régionaux (avec parfois même de belles enveloppes) dans les trois départements, et les efforts d'Alain Rousset, le président de la Région Nouvelle-Aquitaine, candidat pour un cinquième mandat. Enfin, la perte du rôle-titre de capitale régionale de Limoges et le manque de proximité ne jouent pas en la faveur du Conseil régional.

Malgré une nouvelle donne avec de nouvelles divisions mais peu de nouvelles alliances, la Région est assez fortement et durablement ancrée à gauche, l'enjeu étant donc un peu mitigé. Les scrutins depuis les dernières régionales de 2015 ont d'ailleurs conforté ce positionnement, même si Valérie Simonet et Pascal Coste, les chefs respectifs de la Creuse et la Corrèze sont à droite, tout comme Limoges qui a confirmé en 2020 son basculement de 2014.

En Haute-Vienne, les dernières élections sénatoriales de 2020, qui peuvent servir de test, ont permis à la gauche de regagner un poste de sénateur.

Le RN en arbitre ?

Réalisé il y a quelques semaines, un sondage IPSOS France Bleu/France 3 révélait qu'Alain Rousset (PS-PCF-PRG) recueillait 25 % des intentions de vote au premier tour, talonné par Edwige Diaz (RN) à 24 %, Geneviève Darrieussecq (LReM-Modem-UDI) à 19 %, Nicolas Florian (LR) à 14 % et encore plus loin Nicolas Thierry (EELV, Génération. s) à 10 %... Pour le second tour, la liste soutenue par le PS, EELV, LFI, le PCF, le PRG et Génération. s réunirait 37 % des voix, suivie par celle du Rassemblement National avec 26 %.

« En regardant les deux élections nationales qui ont eu lieu depuis les dernières régionales, les présidentielles en 2017 et les européennes en 2019, le RN est devenu la force n° 1. Un cap a été franchi, analyse Thomas Marty, un politologue limougeaud. La marque RN est devenue la première marque de droite parmi l'électorat populaire rural. En Haute-Vienne, Albin Freychet, le responsable du RN 87, fait office de figure » montante « , qui part doublement au front avec une candidature aux départementales et aux régionales, en étant tête de liste haut-viennoise sur la liste des régionales d'Edwige Diaz. Le RN est le seul parti qui se présente en tant que tel, qui part seul à la bataille sans consigne d'alliance pour le second tour. Il n'y a pas de coup d'après... ».

Désintérêt ?

Alors ce scrutin va-t-il mobiliser ? Les électeurs ont-ils bien compris le mode de fonctionnement ? Peuvent-ils confondre les élections départementales et régionales, pour ces dernières des listes départementalisées étant constituées ? Vraisemblablement non, car fort heureusement en Haute-Vienne, beaucoup de candidats sont des sortants à droite comme à gauche, avec Guillaume Guérin, Andréa Brouille, Jean-Louis Pagès... On ne part donc pas dans l'inconnu avec à l'échelon régional quelques candidatures d'élus nationaux, qui ont le vent en poupe.

Toutefois, la spécialisation que peut avoir un certain nombre d'élus régionaux avec des compétences spécifiques (développement économique, formation professionnelle...) qui contrairement à celles du Département ne touchent pas forcément au quotidien (routes, enfance, aides sociales...), peut désarçonner les électeurs.

Saupoudrage

Qu'est-ce que nous apporte de nouveau et de mieux cette nouvelle grande région ? Telle est l'une des questions qui revient comme un leitmotiv. D'autant que les investissements du Conseil régional peuvent être vus comme du « saupoudrage venu de loin », selon une expression de Thomas Marty, une « impression » qui se retrouve dans la propagande électorale pour le bilan des actions menées notamment par la majorité sortante.

Abstention

Selon les spécialistes, il n'y aurait pas de raison que la crise sanitaire provoque une abstention plus forte, hormis son impact sur la faible campagne électorale sur le terrain, avec peu de meetings en présence de personnalités nationales. Les candidats affirmant à tue-tête : « Si on peut boire un café en terrasse et aller faire ses courses, on peut aller voter ». De plus, le double vote des dimanches 20 et 27 juin, peut produire un effet d'entraînement, la participation aux départementales pouvant tirer vers le haut celle des régionales, souvent plus faible.

Région la plus vaste de France, avec une superficie supérieure à celle de l'Autriche, la Nouvelle-Aquitaine a bien dû mal à créer de la cohérence au sein de son hémicycle affrontant une concurrence des territoires, ce qui nourrit un des arguments de campagne des candidats, chacun arguant défendre son « département » à Bordeaux.

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